Sport et voyages aériens : les facteurs de risque


Une étude de la commission médicale du CNOSF

22-01-2002


Nos sportifs sont-ils à l’abri des accidents thrombo-emboliques lors des voyages aériens ?


Cette question dont la réponse aurait été affirmative il y a 20 ans est beaucoup plus mesurée aujourd’hui.
En effet, suite aux études récentes et parfois à l’appel alarmiste des médias, les médecins du sport et accompagnateurs des équipes sportives se sont montrés plus vigilants sur ce risque.


D’un point de vue historique, c’est au cours des Jeux Olympiques d’Atlanta que la question fut réellement posée. En effet, on a pu noter au cours du voyage aérien de départ l’apparition de deux phlébites des membres inférieurs ainsi qu''une embolie pulmonaire hospitalisée dès son arrivée au Etats-Unis, ce qui fait beaucoup pour une équipe Olympique.


Depuis cette date de nombreux cas ont été révélés au cours de voyages lointains : 2 phlébites pour le tennis de table lors des championnats du monde à Shanghai, une phlébite chez un escrimeur lors d’un voyage préparatoire en Australie et la liste n’est pas exhaustive. Il semblerait pourtant que les facteurs de risques ne soient pas très importants chez des sujets jeunes, en pleine santé, dynamiques et remuants. En fait divers éléments peuvent plaider pour une vision plus pessimiste.


- Lors d'un voyage aérien d’une durée supérieure à 6 heures, ces facteurs sont les suivants :


1) La taille de plus en plus importante chez nos athlètes et pas seulement chez les basketteurs : 86% des hommes de l’équipe Olympique à Sydney mesuraient plus de 1,82m. On comprend leur gêne pour les fauteuils situés près des hublots ou centraux. Des mesures préventives malgré leur coût avaient été prises pour que les plus de deux mètres puissent avoir un siège en classe affaires lors des jeux de Sydney.


2) La prise de contraceptifs oraux chez les filles afin d’éviter lors de la compétition les inconvénients liés à la menstruation.


3) L’entraînement effectué la veille du déplacement est assez souvent conséquent afin de rassurer les sportifs et leur entourage. Il est destiné à pallier le «repos obligatoire» dû au voyage en avion mais il va engendrer une hémoconcentration sanguine et des métabolites musculaires.


4) Le décalage horaire qui peut être multiplié car les athlètes globe-trotters sont astreints à plusieurs voyages aériens avant de retrouver le gros de l’équipe. Ceci est évité par des regroupements proches des lieux de compétitions une douzaine de jours avant les épreuves.


5) La prise de somnifères de plus en plus utilisée par nos sportifs au grand désespoir des médecins, souvent encouragée par l’entourage "pour mieux récupérer". Ces drogues facilitent sans conteste les mauvaises positions et les compressions poplités.


6) Nous ne devrions pas parler ici de la prise éventuelle de produits interdits comme, entre autres, la Nandrolone ou l’Erythropoïétine qui ne sont pas répertoriés parmi les drogues innocentes pour le système vasculaire...


- Enfin deux autres facteurs de risque interviennent lors du voyage de retour :


1) Survenue de blessures durant la compétition (entorses, fractures, contusions, claquages augmentant la possibilité d’accidents thromboemboliques.


2) Séquelles de la 3ème mi-temps soit pour fêter les médailles soit pour oublier les désillusions, le réveil douloureux se faisant le plus souvent dans l’avion.


Le risque d'accidents thromboemboliques chez des sportifs de haut niveau n’est donc pas nul. C’est pourquoi depuis Sydney et déjà employé par quelques précurseurs, nous avons exigé de nos sportifs qu’ils portent en prévention des chaussettes de compression de force 2 en coton lors des voyages aériens.


Afin que la classe touriste ne devienne pas la classe tout risque...