Dictionnaire historique du sport au féminin

Le canoë-kayak est pratiqué partiellement par les femmes, et cela depuis toujours. Dès l'origine de la pratique en France, on trouve des femmes équipières, en général en bateau biplace, témoin le tableau "Le saut du barrage" (1895) qui est une composition du peintre Ferdinand Gueldry prenant pour cadre le barrage de l'usine élévatoire de Trilbardou sur la Marne en Seine et Marne. On remarque parmi différents bateaux mus à l'aviron une sorte de kayak en bois, appelé baladeuse à l'époque, occupé par un équipier à l'arrière et une équipière à l'avant. On trouvera cette formation sur les canoës canadiens qui vont sillonner les rivières françaises de 1920 à 1970 en grandes quantités. Les clubs de tourisme, Touring Club de France et Canoë Club de France principalement, comprendront une quantité d'équipages mixtes constitués entre époux, ou futurs époux, généralement. Sur les rivières calmes parcourues en majorité, c'est l'équipier arrière qui assure la direction du bateau, et c'est ainsi à l'homme qu'échoit cette responsabilité. Il est ainsi recommandé de placer à l'avant l'équipier le plus léger, la femme en général, afin de laisser le bateau déjauger de l'avant pour faciliter la prise des virages. C'est pourquoi on trouvera toujours la femme à l'avant.

A partir de l'époque des premières compétitions, les femmes sont admises en 1938 aux premiers championnats du monde de course en ligne à Vaxholm en Suède en kayak monoplace. Puis aux premiers championnats du monde d'eaux vives en slalom à Genève en 1949, toujours en kayak monoplace. C'est ainsi que la femme a gagné son indépendance, par le kayak.
Les premiers Jeux Olympiques où le canoë-kayak fut admis sont ceux de Berlin en 1936, mais il n'y eu pas de catégorie féminine. Le kayak dames est apparu aux Jeux de Londres en 1948 en monoplace, puis à Tokyo en 1964 pour le kayak dames biplaces, puis en 1984 à Los Angeles pour le kayak dames quadriplace. La distance est uniquement de 500 mètres pour les dames, ce qui leur offre 3 courses contre 9 aux homme dans le programme olympique de 12 courses en eaux plates. Les femmes n'ont jamais été admises en canoë aux Jeux Olympiques, pour des raisons physiologiques sans doute, l'effort dissymétrique demandé n'étant pas favorable à la constitution féminine.
En eaux vives, on a vu que la reconnaissance de la catégorie féminine a été immédiate en kayak mono, de sorte que le programme est immuable depuis 1949 en slalom et 1959 en rivière avec une catégorie kayak dame monoplace, il n'y a pas de kayaks multiplaces en eaux vives. La mixité des canoës biplaces a été aussi admise de suite, étant le reflet de la pratique touristique. Mais les C2 mixtes furent d'abord classés avec les C2 hommes, et ce n'est qu'en 1955 que la catégorie fut considérée à part en slalom, mais de suite en rivière en 1959.
L'admission du slalom aux Jeux Olympiques, en 1972, s'est faite sans les C2 mixtes car la mixité des équipages n'est pas admise aux Jeux. Cela a sonné le glas de cette catégorie et les derniers championnats du monde en slalom et rivière avec C2 mixtes ont eu lieu en 1977.
Cette décision a renforcé la présence et la qualité du kayak féminin. Les parcours de rivière et de slalom étaient adoucis ou raccourcis pour les kayaks dames et les C2 mixtes, mesure qui fut supprimée en 1973, et les kayaks dames concourent à présent sur les mêmes parcours que les hommes, et avec brio.
Il n'en demeure pas moins que dans les championnats d'eaux vives il y a 3 catégories hommes (kayak, canoë mono et canoë bi) et une seule catégorie dames. C'est pourquoi nous disions au début de cet exposé que la participation féminine est partielle, et n'atteindra sans doute jamais la parité qui s'installe dans d'autres sports. On a vu que la proportion des épreuves aux Jeux est de 25% pour les femmes (3 courses sur 12). Elle est aussi de 25% en slalom et rivière (1 course sur 4). Aux championnats du monde de course en ligne (tous les ans sauf année olympique), la proportion est un peu plus favorable avec 33,3%, soit 9 courses féminines sur 27.

Lexicologie au féminin
En canoë-kayak, il semble que l'on puisse faire participer les femmes sans employer un vocabulaire adapté, la féminisation des mots masculins est admise et suffisante : concurrente, coureuse, participante, descendeuse, slalomeuse, championne, gagnante, équipière. Les mots kayakiste, canoëiste, arbitre se féminisent par la présence de l'article qui les précède.